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OH LES BEAUX JOURS

 

 

Oh les beaux jours


de Samuel BECKETT


Winnie est enterrée au milieu d’une étendue d’herbe brûlée, au centre d’un petit mamelon aux pentes douces, enterrée d’abord jusqu’au-dessus de la taille, puis jusqu’au cou. Willie est allongé par terre, d’abord endormi, souvent caché par le mamelon. Sous la lumière aveuglante du soleil, Winnie fouille dans son sac, parle, s’affaire. Willie reste muet, répond, dort, est mort peut-être.
 
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Oh les beaux jours, Winnie, une femme.

« Je me suis dit que la chose la plus terrible qui puisse arriver serait de n’être jamais autorisé à dormir, comme si juste au moment où on était en train de s’assoupir un grand « Dring » obligerait à rester éveillé; vous vous enfoncez vivant dans le sol et dedans ça grouille, c’est plein de fourmis, et le soleil brille sans arrêt, jour et nuit, il n’y a pas un arbre […] il n’y a pas un pouce d’ombre, rien, que cette sonnerie qui vous réveille tout le temps, et tout ce que vous avez c’est deux ou trois bricoles pour vous regarder vivre. […] J’ai pensé qu’il n’y avait qu’une femme pour faire face à cette situation et sombrer en chantant » (Samuel Beckett à Brenda Bruce, été 1962. Brenda Bruce créa le rôle en anglais en Novembre 1962 au Royal Court Theatre à Londres.)

Oh les beaux jours, Un moment de l’existence d’une femme qui passe le temps à fouiller dans son grand sac noir genre cabas.

Winnie est déterminée à passer chaque jour une heureuse journée. Elle organise son bonheur chaque jour en créant un rituel de maquillage et d’hygiène qui chaque jour lui permette de dire : Oh, le beau jour ! Prisonnière du temps et de l’espace. Winnie répète inlassablement les gestes méthodiques et anodins d'un quotidien dont elle souligne chaque bribe de joie. Car chaque moment de vie aussi insignifiant paraît-il est à vivre intensément avec le plus grand plaisir et dans le plus grand bonheur. Parce qu’il y a la vie tout simplement. Des plaisirs et des joies limités (puisqu’il n’y a plus rien) mais vécus intensément. Besoins simples et vrais.

Oh les beaux jours, Winnie et Willie.

Le corps disparaît, la parole demeure. Une parole prononcée dans la distance de l’indulgence et de la sérénité. La parole adressée à lui, Willie, derrière la butte, parole d'amour et de désir d'être entendue, comprise, reconnue. La nécessité de l’autre, jusqu'au bout, jusqu’à la fin, du « tu » qui garantit la présence du « je ». Winnie dépend de Willie, souffre lorsqu’il ne souhaite pas parler, s’enthousiasme lorsqu’il arrive à prononcer quelque chose. Willie ne répond presque toujours que par des bredouillements, des paroles incompréhensibles, mais ce n'est pas grave, c'est « pour lui » qu'on parle, c'est par lui que la parole survit.

Oh les beaux jours, Une mécanique absurde qui tient à la mécanique de la condition humaine.

La créature soumise au temps se voit refaire les mêmes gestes, rejouer le même jeu au rythme de la répétition des jours et n’avancer que selon la sécurité de la rengaine. Absurdité, insignifiance, vide de l’existence, et pourtant ténacité de l'existence humaine. La mort est là, au bout, et pourtant, on rit sans cesse, on vit.

Conscience aiguë de l’absurdité de l’existence humaine, du temps qui passe inévitablement, jusqu’à la mort. A quoi cela sert-il ? A rien. A tout. Qu’est-ce que cela signifie ? Comme Winnie qui chaque jour refait encore et encore, irrémédiablement, les mêmes choses, les mêmes gestes, les mêmes sourires. Cela ne sert à rien mais la vie est là, et s’il y a la vie il y a l’amour, le bonheur : Winnie n’est pas seule perdue au milieu de l’étendue désertique ; Willie, même invisible, est avec elle, nécessairement.

Winnie se demande : « A quoi ça rime ?... ça signifie quoi ? ». C’est le poème de la vie.

La scénographie des pièces de Samuel Beckett est dictée.

Chaque mouvement de visage, chaque souffle, chaque silence est écrit. L’écriture de Samuel Beckett est rythme.

Ne pas expliquer ou analyser le texte. Dire le texte. Dans le respect total de toutes les indications scéniques précisées par l’auteur. « Je ne sais rien d’autre que ce qu’il y a sur la page […] Ne cherchez pas des symboles dans mes pièces » (Janvier 1964).

L’allure générale de la pièce, son ton, son rythme surtout, ont à ses yeux plus d’importance que la psychologie ou la densité des personnages. La gestuelle, simple et concrète, même ramenée à la répétition de quelques mouvements essentiels, est éloquente. Des schémas gestuels et sonores fondés sur la répétition et le contraste se dégagent.

Samuel Beckett évite sciemment de peindre ses personnages, d’expliquer leur histoire ou de décrire les situations. Agacé par les nombreuses questions que lui posait Brenda Bruce sur Winnie, il répondait : « Aucune importance » (Novembre 1962). « Je sais bien que les créatures sont sensées ne pas avoir de secrets pour leurs créateurs, mais je crains que les miennes n’aient guère que ça pour moi ». (Octobre 1961). Seule certitude, ses personnages vont de l’avant, refusant de capituler et de totalement se départir de leur dignité humaine.

Donner Oh les beaux jours à entendre (à écouter et à comprendre) à qui voudra le recevoir et le partager. Qui l’entendra, le verra, recevra le texte et la musicalité des gestes et de la voix.

Comme Samuel Beckett, déclarer que : « pour moi le théâtre n’est pas une institution morale […] Je ne veux ni instruire les gens, ni les rendre meilleurs, ni les empêcher de s’ennuyer. Je veux mettre de la poésie dans le théâtre, une poésie en suspens dans le vide et qui prenne un nouveau départ dans un nouvel espace. Je pense en dimensions nouvelles et fondamentalement je ne m’inquiète pas que l’on puisse ou non me suivre. Je serais incapable de donner les réponses que l’on espère. Il n’y a pas de solutions faciles » (in Spectaculum, vol.6, Suhrkamp, Francfort-sur-le-Main, 1963).

 
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REVUE DE PRESSE

 
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FICHE TECHNIQUE

OH LES BEAUX JOURS

PLATEAU :

- Minimum : ouverture 5m ; profondeur 4m
- Pendrillons : boite noir demandée ( italienne ou allemande + fond de scène )

DÉCOR :

Le plateau est totalement recouvert de tissus blancs

LUMIÈRE ET SON :

LUMIÈRE :
=> Voir plan de feux ci-dessous
Le plateau est éclairé de projecteurs type PAR 64 en nombre suffisant pour couvrir la totalité du plateau
Pour 10M / 10M :
Projecteurs :
- 15 x PAR 64 cp 62
- 2 x PAR 64 cp 60
- 2 x PC 2000w
- 4 x PC 1000w
Gélatines :
- 2 x 134 format PC 2000w
- 2x 106 format PAR

SON :
Système de diffusion adapté à la salle avec un retour au plateau
1 lecteur cd auto pause.
Les régies son et lumière doivent pouvoir être faites par une seule personne
NB : Les demandes techniques peuvent être adaptées à la salle et au matériel dont elle dispose

Contact Technique :
Pierre Crasnier
06 12 12 40 13
pierre.crasnier@gmail.com

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